Projet de vision territoriale transfrontalière : un crash

21 juin 2024
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Une consultation a été ouverte sur la vision territoriale transfrontalière (VTT) au mois d’avril. L’Office de l’urbanisme n’a pas jugé utile de nous consulter, ni de consulter un grand nombre d’entités et associations d’importance cantonale. Les associations d’architectes et d’urbanistes ne l’ont pas été non plus, ce qui confine au ridicule. Les propriétaires fonciers du canton de Genève étant les premiers intéressés en matière d’aménagement du territoire, notre légitimité à intervenir n’était pas discutable, raison pour laquelle nous nous sommes invités à la consultation, sans que cela ne fasse d’ailleurs l’objet d’une contestation.

L’ambition de la Vision territoriale transfrontalière était d’imaginer et de déterminer l’aménagement du territoire du Grand Genève de demain. Elle ne dispose d’aucune portée propre et devait, d’après ses auteurs, être assez convaincante pour être reprise par les autorités, la Commission de l’aménagement du territoire en charge de l’élaboration du Plan directeur cantonal 2050 (CAT) et, finalement, la population. Pourtant, il n’en sera rien. Selon nos informations, l’entité qui supervise ces travaux, le Groupement de coopération transfrontalière (GLCT), aurait refusé l’adoption du document. Les travaux des services de notre administration genevoise sont donc remis en cause de manière très large.

Cette version de la Vision territoriale transfrontalière met en exergue la primauté du socle du vivant. Comprenez, la protection de la nature et de la biodiversité au sens large, mais sans prise en compte, à ce stade, des besoins humains. Ainsi, il faut constater que les éléments s’y rapportant ne constituent pas un instrument d’aménagement du territoire mais un plan de protection de la nature, de sorte qu’il y a confusion quant aux rôles des instruments et leur finalité.

Nous avons fait observer qu’en Europe et probablement sur toute la planète, les États n’ont pas l’opportunité d’émettre, dans leurs préoccupations territoriales, la primauté du socle du vivant tant le manque de réponses aux besoins de la population est prioritaire. Les collectivités publiques qui nous entourent doivent tenter de répondre aux besoins de la population : emplois, logements, mobilité, services, commerces, et zones de délassement font l’objet des études de spatialisation les plus attentives. Il s’agit de répondre, prioritairement, aux besoins de la population.

Notre conclusion, largement partagée, est d’indiquer que cette version de la VTT doit être revue et enrichie des besoins de la population et de l’économie.

Partant de ce constat, il faut affirmer que seule une prospérité aussi importante que celle du canton de Genève, pourrait permettre de prétendre – après l’obtention d’une légitimité démocratique – à la défense d’une primauté du socle du vivant, objectif louable s’il en est.

Ce faisant, nous avons constaté le manque de considération des éléments nécessaires à la prospérité qui sont soit survolés, soit non traités.

Ainsi, dans les 153 pages du document, la question de la pénurie de logements, singulièrement à Genève, n’est jamais abordée ! La distance de l’étude avec la réalité de la pénurie de logements est simplement inacceptable.

De même, la question des besoins de l’économie en termes de surface et de territoire n’est que vaguement prise en compte, tandis que, l’économie est la seule source d’emplois et de développement économique dont dépend la prospérité.

Nous contestons en outre que l’absence d’extension des territoires urbanisés puisse permettre d’absorber les besoins de la population genevoise et des entreprises à l’horizon 2050. Nous avons réaffirmé que nous ne cesserons de lutter contre le gaspillage du territoire et que, de longue date, notre association est fortement engagée dans une démarche promouvant la qualité et la densité.

Nous sommes plus que dubitatifs quant aux affirmations de la VTT selon lesquelles, en résumé, il suffirait de régénérer le tissu bâti et ce, sans à aucun moment évoquer quelque piste que ce soit pour surmonter les oppositions qui, de notre point de vue, sont issues d’un manque de qualité de certains projets. Avant de décréter la densité, il s’agit de mettre en place des éléments qualitatifs pour soutenir cet ambitieux projet. Nous avons réaffirmé être prêts à participer à cette indispensable réflexion.

Notre conclusion, largement partagée, est d’indiquer que cette version de la VTT doit être revue et enrichie des besoins de la population et de l’économie. En l’état, ce document est totalement inexploitable pour tout autre travail en matière d’aménagement du territoire. Gageons que la Commission de l’aménagement du territoire (CAT), en charge de la révision du Plan directeur cantonal, se dote d’études fiables sur l’inventaire de nos besoins et imagine ensuite les spatialisations les plus opportunes pour y répondre.

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