Revitaliser la ville
Tous les 10 à 15 ans, l’on se pose la question de manière prégnante de l’intensité de notre développement démographique et donc de celui de notre économie. Mesure-t-on seulement la chance que nous avons de nous poser cette question ?
L’entier des pays qui nous entourent connaissent des taux de chômage que nous considérons comme élevés et des salaires que nous considérons comme bas…Cela dit, la question n’est pas illégitime de s’interroger pour savoir quels sont les effets de la croissance sur la qualité de vie.
En premier lieu, relevons que l’immense majorité de notre population vit bien et ainsi que personne (ou presque) n’est laissé sur le bord du chemin. Les rentrées fiscales genevoises sont les plus importantes du pays, elles contribuent à garantir une vie décente aux plus fragiles et à offrir des prestations de qualité à l’ensemble de la population. C’est déjà extraordinaire, convenons-en et mesurons-le !
En second lieu, sous le prisme de l’aménagement du territoire et de l’immobilier, écoutons les craintes qui s’élèvent et trouvons ensemble les solutions les plus pragmatiques et durables possibles. Les craintes d’une partie de la population qui sait que le territoire genevois est restreint. Les craintes des personnes qui ne trouvent pas à se loger, ni en propriété, ni en location avec une pénurie persistante et le sentiment d’un échec de la politique du logement. Les craintes, aussi, des agriculteurs qui ne souhaitent pas voir les changements de zones se multiplier et leur outil de travail être, par trop, réduit. La révision du Plan directeur cantonale dont les travaux vont débuter est l’occasion de développer une vision, de se projeter pour dessiner la Genève souhaitable de 2050.
Pour maintenir notre prospérité, il fait aucun doute que nous devons permettre un développement urbain pondéré afin de répondre aux besoins d’espaces pour nos logements et nos entreprises. Cela étant, militons pour un urbanisme responsable fait de qualité, de revitalisation urbaine et d’usages efficients de la zone agricole. Ce n’est pas une nouveauté, l’ensemble des zones devraient participer au développement harmonieux du canton dans une dynamique résolument qualitative. Les nouveaux quartiers à construire devraient être denses et former de vrais « morceaux de ville » presque autosuffisants avec l’ensemble des services utiles au contraire de satellites monofonctionnels.
Et puis… pourquoi ne pas revitaliser certains quartiers urbains existants ? Réinventer la ville. Nous allons procéder à des travaux importants sur les immeubles pour favoriser les économies d’énergie. Ne serait-il pas intelligent, à cette occasion, de franchement favoriser les surélévations ? Les barrières législatives encore existantes qui entravent les mutations de bureaux en logements, ne devraient-elles pas être levées ? Favoriser l’usage de l’existant en le détournant ou en l’améliorant est une nécessaire évidence. Convenons que cela passe aussi, parfois, avec discernement, par les démolitions-reconstructions, pourquoi continuer à se les interdire ? Les travaux importants liés au chauffage à distance plébiscités par la population, ne devraient-ils pas s’accompagner de rénovations urbaines ? de création d’espaces publics plus nombreux et généreux ? Pourquoi ne pas, dans la mesure du possible les lier entre eux ? Toutes ces questions sont de formidables opportunités. Une certitude est devant nous : il est temps de revitaliser la ville.