Foudre : deux précautions valent mieux qu’une
Le montant des dommages occasionnés par un orage peut « foudroyer » les propriétaires. En effet, seuls 18 % des constructions suisses possèdent un système de protection contre la foudre (SPF). Tandis que les hôtels, les hôpitaux et les stations-service doivent impérativement être équipés d’un tel système, cette installation demeure à ce jour facultative pour les logements.
De nombreux propriétaires ne savent cependant pas qu’un « paratonnerre », un SPF donc, protège le bâtiment contre les dommages extérieurs, qui touchent par exemple le toit ou l’enveloppe du bâtiment, mais qu’il ne représente que la moitié du travail. Outre une protection extérieure, qui permet d’éviter les dégâts directs dus à la foudre, un bâtiment doit être équipé d’une protection interne pour parer les dégâts indirects.
Intercepter et dévier
L’installation d’un SPF est la première étape à accomplir pour éviter les dommages causés par la foudre. Même les bâtiments un peu anciens peuvent en être équipés a posteriori. Un SPF comprend trois éléments :
– le dispositif de capture permet d’intercepter la foudre ;
– les conducteurs de descente assurent l’écoulement du courant de foudre vers le sol ;
– la prise de terre dissipe le courant de foudre dans le sol et permet d’éviter les risques pour les personnes.
Généralement, le système de capture consiste en une cage maillée, faite à partir de fil en cuivre de 6 millimètres d’épaisseur, qui recouvre la surface du toit. La taille du maillage, plus précisément l’intervalle entre les mailles, dépend de la classe de protection du bâtiment. Les arêtes du toit et les parties saillantes du bâtiment sont recouvertes de conducteurs de capture.
Des conducteurs répartis également sur le bâtiment assurent l’écoulement du courant vers la terre.
Pour cela, on utilise aussi la structure naturelle du bâtiment, par exemple des parties métalliques comme les gouttières. Généralement, les coûts d’un SPF représentent pour une construction neuve 0,5 % du montant total des travaux.
Éviter les surtensions
En captant et en déviant la foudre, on évite souvent à un bâtiment des dégâts d’ampleur. Le courant électrique reste toutefois problématique : la foudre peut représenter une tension allant jusqu’à 10 000 kV, son intensité s’élève en moyenne à 20 kA, des valeurs qu’aucune installation domestique électrique ne peut supporter. La protection intérieure contre la foudre a donc pour but de contenir les tensions élevées, par exemple à l’aide de dispositifs de protection contre les surtensions, qui limitent la charge autorisée à un certain niveau de protection. A titre d’exemple, seuls 1 à 3 kV seront par exemple écoulés pour un niveau de tension de la foudre affichant 20kV.
Josef Schmucki, responsable de projet Formation continue et expert en protection contre la foudre chez Electrosuisse, nous explique que cette protection contre les surtensions doit encore être améliorée : « Grâce au bon travail des couvreurs et des plombiers, la protection extérieure contre la foudre s’appuie sur une longue tradition en Suisse. Nous aurions cependant besoin de beaucoup plus de parafoudres dans le parc immobilier suisse.» La protection contre les surtensions n’est formulée explicitement dans la norme pertinente, la norme suisse sur les installations à basse tension (NIBT), que depuis 2010. « Cette obligation est encore relativement récente, la mise en œuvre va s’améliorer au cours des prochaines années », indique Josef Schmucki. Les coûts des mesures de protection contre les surtensions représentent environ 3 % des coûts totaux d’une installation électrique.
De nombreux dommages
On ne dispose pas de chiffres complets sur les dommages occasionnés par la foudre en Suisse, car l’assurance immobilière n’est obligatoire que dans 18 cantons. Dans les autres cantons (AI, GL, OW, SZ, TI, UR, VS), les dégâts subis par un bâtiment doivent être assurés auprès d’une compagnie privée. La statistique des sinistres établie par les établissements cantonaux d’assurance pour la période entre 2008 et 2017 permet toutefois de se faire une idée.
Ainsi, le montant moyen des dégâts subis par des bâtiments à la suite d’un impact direct de foudre s’élevait à 7962 francs et à 2751 francs en cas d’impact indirect.
Les dommages affectant les installations électriques (par ex. la ventilation ou la commande d’un ascenseur), mais aussi des appareils et installations reliés au bâtiment (chauffage, lave-linge), sont couverts par les assurances immobilières cantonales.
Des dommages couverts
Les dommages causés par des coups de foudre indirects peuvent souvent être couverts dans le cadre d’une assurance ménage ou immobilière. L’assurance casco ménage assure contre les dommages causés par des surtensions les appareils tels que les téléviseurs, les ordinateurs, les transistors et les ustensiles de cuisine ainsi que les appareils ménagers (réfrigérateur, congélateur, four, autocuiseur, lave-linge, sèche-linge). Il est recommandé de s’entretenir avec un conseiller en assurance pour estimer ses besoins en matière de couverture.
Protection intérieure et extérieure
La température au point d’impact de la foudre peut s’élever à 30 000 degrés Celsius. Les risques d’incendie sont donc élevés pour les bâtiments non protégés. L’intensité très forte de la foudre peut en outre endommager ou détruire des installations et des appareils électriques. Pour parer à ces risques, il est important de protéger tant l’extérieur que l’intérieur des bâtiments.
La protection extérieure contre la foudre consiste en des dispositifs de capture, des conducteurs de descente et des mises à la terre. Le système de protection contre la foudre (SPF) doit être contrôlé tous les 10 ans. La protection intérieure contre la foudre comprend la liaison équipotentielle ainsi que la protection contre les surtensions. Cette dernière protège contre les dommages causés par des tensions trop élevées les installations, les commandes et les gros appareils électriques, ainsi que les « petits » appareils électroniques grand public comme les téléviseurs, les ordinateurs et les disques durs.