Revitaliser la Ville de Genève

30 août 2024
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Une consultation publique était ouverte jusqu’au 5 juin 2024 sur le projet de Plan directeur de la Ville de Genève. Nous avons pris position afin de formuler d’importantes propositions. De formidables opportunités sont présentes en raison d’un faisceau d’actions positives visant toutes à la mutation et la régénération urbaine. Pour peu que les collectivités publiques coordonnent ces interventions et libèrent les énergies des propriétaires, nous pourrions assister à une spectaculaire revitalisation positive de la Ville de Genève.

En premier lieu, il s’agit de rappeler que les compétences communales en matière d’aménagement du territoire sont extrêmement restreintes à Genève. En effet, le Plan directeur communal doit respecter le droit fédéral, le droit cantonal, toute autre disposition de rang supérieur au rang réglementaire communal et, bien sûr, le Plan directeur cantonal. C’est la raison pour laquelle les éléments relatifs à la gestion du domaine public et des espaces publics devraient gagner en importance au sein de ce document.

Une ville-centre

Nous soutenons la vision proposée par la Ville de Genève qui s’inscrit comme une ville-centre attractive au sein d’une agglomération multipolaire et équilibrée avec, pour ambition, d’assumer une part de croissance tant en termes de construction de logements que d’espaces nécessaires à l’activité économique. Nous relevons en particulier l’aspect positif de soutenir la création de 10’000 logements supplémentaires telle que prévu par le Plan directeur cantonal tout en recherchant, par ailleurs, d’autres « gisements » de logements possibles (surélévations et changements d’affectation).

De la densification à la régénération

La vision proposée de faire usage de l’existant afin de permettre des « détournements » d’usages, respectivement des transformations ou des changements d’affectation, correspond à une impérative nécessité de revitaliser la ville. La nécessité d’un développement qualitatif passe par la rénovation, la création et l’extension d’espaces publics, éléments pour lesquels la Ville a pris beaucoup de retard ces dernières années.

La participation de la Ville à l’identification d’îlots qui se prêteraient plus particulièrement à ces opérations serait appréciable afin de dégager une harmonie du quartier pour laquelle l’on devrait suivre quelques recommandations simples.

Dans ce contexte, il est inopportun de ne pas considérer des opérations de démolitions et de reconstructions de certains immeubles. Nous souhaitons que soit ici intégrée l’idée raisonnée de déconstructions et de reconstructions lorsque cela peut apporter des qualités supplémentaires à l’îlot ou au quartier.

Dans ce contexte, la coordination des rénovations des espaces publics avec la pose du chauffage à distance (CAD) est essentielle. Il s’agira d’avoir une coordination exemplaire entre les intervenants afin que la mutation urbaine soit qualitative, mais également que les travaux soient réalisés dans des délais courts, de sorte que la population maintienne son adhésion à cet ambitieux projet.

De nouveaux morceaux de ville

Nous partageons le constat selon lequel les anciens quartiers de villas situés en ville et déjà déclassés en zone de développement constituent une partie relativement importante de la capacité d’accueil de la Ville.

« Nous soutenons la vision proposée par la Ville de Genève qui s’inscrit comme une ville-centre attractive au sein d’une agglomération multipolaire et équilibrée. »
Christophe Aumeunier

Il s’agit donc, à nos yeux, de réaliser de véritables “morceaux de ville” par des opérations de déconstructions et de constructions d’un quartier qui intégrerait en son sein l’ensemble des services utiles à la population. Nous insistons sur cette question, car nous considérons que la sous-densification est une problématique qui soulève la question de la responsabilité de l’usage du sol, singulièrement dans la ville-centre. Ainsi, il est essentiel d’y apporter de la qualité et de la densité.

Une ville productive, circulaire et attractive

Afin de maintenir et favoriser l’implantation des commerces, il s’agirait que les autorités de la Ville se concertent d’une manière plus approfondie avec les milieux du commerce afin d’avoir une appréhension plus fine de leurs besoins et, en réalité, de leurs possibilités d’implantations. À cet égard, il ne fait aucun doute que le Plan d’utilisation du sol de la Ville de Genève est une entrave majeure et qu’il devrait donc être révisé. Les expériences de gestion des arcades par la Gérance immobilière municipale pourraient mettre en lumière les difficultés constatées par les bailleurs et les commerçants.

Des acquisitions foncières uniquement pour des infrastructures publiques

Nous comprenons que la Ville de Genève poursuive des acquisitions foncières pour construire des équipements publics et permettre l’implantation de transports publics en site propre.

Par contre, nous réaffirmons avec force que le rôle des collectivités publiques n’est pas de détenir ou de construire des logements. La Ville de Genève est déjà propriétaire de très nombreuses parcelles et nous observons que leur développement semble particulièrement long, respectivement bien plus long que les constructions de logements réalisées par des privés.

La répartition des logements en zone de développement étant strictement réglée par l’art. 4A LGZD, l’argumentaire selon lequel la Ville de Genève produirait plus de logements sociaux que des développeurs privés n’est pas déterminant dans la réponse imposée par le droit cantonal aux besoins d’intérêt général de la population dans son ensemble.

Nous appelons de nos vœux une concertation forte et la mise en place d’une collaboration public privé pour soutenir ces objectifs salutaires et ambitieux.

Un nouveau réseau de mobilité

Nous nous bornerons ici à relever qu’une très forte diminution des transports individuels motorisés est, en l’état, incompatible avec l’ambition déclarée de développer des rues commerciales, même avec des commerces de proximité.

L’éventuelle compatibilité que nous percevons entre ces deux volontés exprimées serait de créer des parkings souterrains, ce qui est un élément encore totalement absent de la réflexion qui devrait être menée par les auteurs du projet de plan directeur communal.

Réaménager la rade

Il est essentiel que la rade soit réaménagée afin que des espaces publics puissent être dévolus au délassement de la population et que le lien entre la Ville et la rade puisse être amélioré. En effet, la proximité de l’eau, de manière générale, n’est pas assez valorisée à Genève. Au-delà de la rade, il s’agit que le projet de plan directeur tende à favoriser les espaces publics et de délassement proches des cours d’eau, sur l’ensemble du territoire communal.

Les propositions de la CGI

Au terme de cette analyse, la Chambre genevoise immobilière préconise une revitalisation de la Ville, mais en apportant des suggestions qui dynamiseraient les objectifs recherchés pour que les opérations de revitalisation urbaine puissent avoir lieu, notamment par :
• la réalisation de surélévations, singulièrement à l’occasion des travaux énergétiques ;
• le rehaussement des gabarits en zone de construction 2 et 3 ;
• la favorisation des changements d’affectation de bureaux en logements lorsque cela est souhaité par les propriétaires ;
• la prise en considération de manière raisonnée d’opérations de déconstructions/reconstructions lorsque cela amène de nouvelles qualités au quartier ;
• la requalification/rénovation et l’agrandissement des espaces publics coordonnés avec les efforts privés de régénération de la Ville et l’arrivée du CAD.

Ainsi, nous appelons de nos vœux une concertation forte et la mise en place d’une collaboration public-privé pour soutenir ces objectifs salutaires et ambitieux.

Prise de position

Consultez la prise de position complète en ligne sur https://www.cgionline.ch/revitaliser-la-ville/

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