Végétaliser la toiture de son immeuble : quels bienfaits ?

18 juin 2020
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Les toitures végétalisées doivent s’adapter aux spécificités régionales et répondre aux nombreux défis liés aux constructions durables. C’est selon cette perspective que la Haute école du paysage, d’ingénierie et d’architecture de Genève (HEPIA) conduit différents projets avec des partenaires professionnels et institutionnels. Ewa Renaud, adjointe scientifique à HEPIA et biologiste, répond à nos questions.

Les équipes de recherche d’HEPIA sont parties du constat que les toitures végétalisées genevoises présentent des bénéfices pour autant qu’on les aménage correctement. Qu’en est-il ?

En effet, il convient d’être très vigilant ! Au cours d’un premier projet de recherche, nous avons effectué un diagnostic selon divers critères (biodiversité, thermie, substrat, hydrologie) d’une trentaine de toitures végétalisées dans le canton de Genève.

Cet inventaire a montré que de nombreuses espèces, dont certaines menacées et inscrites sur la Liste rouge, se trouvent sur ces toitures. Ces dernières jouent un rôle de refuge pour la biodiversité en milieu urbain sous certaines conditions : la présence d’un substrat profond (+ de 12 cm) avec des épaisseurs et structures variables ; une végétation indigène aux strates diversifiées ; un entretien – surtout les deux premières années – qui permet de surveiller la croissance des espèces envahissantes.

Espaces toitures végétalisées au CFPne de plain-pied destinés aussi bien aux professionnels qu’au grand public © E. Amos

Suite à ce premier projet, vous vous êtes intéressés aux mélanges de graines et aux substrats recyclés que vous avez testés sur l’espace de toitures végétalisées situé au Centre de Formation Professionnelle nature et environnement (CFPne) de Lullier. À quelles conclusions êtes-vous parvenus ?

Nous avons expérimenté deux mélanges de graines indigènes pour établir les assemblages les plus favorables à la biodiversité, notamment aux abeilles (projet « SEED »). Divers types de substrats ont également été testés pour trouver une alternative à ceux utilisés couramment et qui comprennent des matériaux non durables, comme les roches volcaniques. Nous les avons remplacés par des substrats intégrant du béton recyclé, des résidus de céramique sanitaire ou de la moraine. Les observations ont montré que des végétaux indigènes prenaient racine et des abeilles terricoles venaient nicher, trouvant ainsi le gite et le couvert. Cela nous a permis d’identifier les conditions nécessaires pour reconstituer des écosystèmes locaux. Nous continuons à suivre de près ces évolutions, en particulier celle de la flore (projet « Montoit »), et ce, également sur des toitures végétalisées en Ville de Genève.

Sur quelle thématique travaillez-vous actuellement ?

Un nouveau projet est en cours, en collaboration avec les SIG, qui porte sur la combinaison modules solaires et végétalisation. Comme on le sait, les panneaux surchauffent en été, ce qui fait baisser leur productivité. Des études antérieures ont démontré qu’en présence de végétaux, la production d’énergie pouvait augmenter. Pour répondre au contexte local et à l’évolution des technologies, nous aimerions quantifier précisément cette plus-value énergétique, ainsi que les avantages en termes de biodiversité et de microclimat. Plusieurs groupes de recherche travaillent sur ce thème à HEPIA. De plus, d’autres projets – par exemple sur le bâtiment des HUG ou sur la HES à Batelle – sont en cours dans le domaine de l’amélioration de la biodiversité.

Quelles sont les incitations financières existantes à Genève ?

En cas de végétalisation des toitures et selon certains critères, en particulier l’épaisseur du substrat, les propriétaires peuvent prétendre à des abattements substantiels de la taxe unique de raccordement (TUR) pour la composante « eaux pluviales ». En outre, s’ils démontrent un réel apport pour la biodiversité, des projets évalués au cas par cas sont soutenus par l’Office cantonal de l’agriculture et de la nature (OCAN).

Image de couverture : © HEPIA / F. Pluchinotta

En savoir plus

Rendez-vous sur le site de l’HEPIA
www.hesge.ch/hepia

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