Interview d’Anne Hiltpold

18 octobre 2022
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Anne Hiltpold : Candidate à l’élection au Conseil d’état. « Le développement de notre canton est un des défis majeurs de ces prochaines années ».

Carouge, un samedi après-midi en terrasse, sous les platanes de la place du Marché. Anne Hiltpold arrive à notre rendez-vous souriante et d’un pas décidé. La candidate PLR au Conseil d’Etat est chez elle au cœur de la Ville sarde qu’elle administre comme Conseillère administrative depuis 2015.

La vie est si douce à Carouge, qu’est-ce qui vous a pris, Anne Hiltpold, de vouloir partir à l’assaut du Conseil d’Etat genevois ?

Justement, l’envie d’amener mon expérience dans la gestion d’un lieu où il fait bon vivre et travailler. Genève a tout pour bien faire, mais il manque une vision au développement de ce canton. C’est un défi majeur pour les années à venir : comment assurer la qualité de vie et la prospérité dans le périmètre limité qui est celui de Genève ? Il faut que les gens s’y sentent bien, aient envie d’y travailler et puissent y rester. Assurer aussi une mixité de la population, ce qui suppose construire différemment et pour tout le monde.

C’est-à-dire ?

Bien plus de PPE [propriété par étages, NDLR] et de logements en loyer libre. Aujourd’hui, on ne construit quasiment plus que du logement social, ce qui chasse la classe moyenne hors des frontières du canton. Ça coûte cher non seulement en trafic et infrastructures, notamment, mais ça contribue à aggraver le déséquilibre des recettes fiscales dans un canton où près de 40 % de la population ne paie pas d’impôts.

Logement social ou pas, on a beaucoup construit ces dernières années et le marché est toujours aussi tendu. Comment faire plus ?

Il faut construire différemment, sans avoir peur de la densité. Notre territoire n’est pas illimité, il faut l’exploiter différemment, notamment en bâtissant plus haut – très qualitativement – au centre-ville. Il y a un problème qu’on minimise aussi : l’allongement de la vie. Aujourd’hui, on fait tout pour que les personnes âgées à la santé déclinante restent chez elles le plus longtemps possible et c’est très bien, mais on pourrait proposer davantage de logements évolutifs, adaptés aux besoins d’une population vieillissante qui serait ainsi sécurisée. Ce qui aurait aussi pour effet de libérer de grands appartements pour des familles.

Concernant l’accès à la propriété privée, même avec plus de biens disponibles, au prix et aux conditions d’acquisition fixées aujourd’hui par les banques, l’accès à la propriété restera un rêve inaccessible pour l’écrasante majorité des gens à Genève ?

Ça n’est pas vrai. Tout ce qui se vend en zone de développement est accessible puisque le prix moyen se situe à environ CHF 6500.–/m2. Mais il faut effectivement donner un coup de pouce notamment à la classe moyenne, qui porte à elle seule une immense partie de la charge fiscale dont elle profite peu. Il faut la décharger fiscalement pour l’aider, notamment, à acquérir un logement.

Et quid du projet de réévaluation de la valeur fiscale des immeubles, toujours en discussion ?

On doit arrêter de considérer les propriétaires comme des privilégiés dont les ressources sont extensibles à l’infini. Dans l’écrasante majorité des cas, il s’agit de gens qui ont travaillé toute leur vie, sans demander d’aide à l’Etat. Il serait scandaleux qu’arrivés à leur retraite, ils soient forcés de vendre, leur AVS ne leur permettant pas d’assumer des impôts supplémentaires. Dans notre canton, ce sont toujours les mêmes qui paient. Aujourd’hui, on pratique une imposition injuste à Genève, contrairement à ce que nous fait croire la gauche.

Quel canton aimeriez-vous laisser à vos petits-enfants ?

Un canton attractif, où tout le monde a envie de vivre, de travailler et peut se loger. Où il y a, je souligne, un bon équilibre entre toutes les catégories de la population, et des entreprises qui rapportent et qu’on valorise.

Vous venez d’une famille (radicale) : votre père, ancien Maire de Carouge, votre grand-père, votre frère Hugues, ancien Conseiller national. Ça représente quoi pour vous, la famille ?

Un soutien indéfectible et la critique sans filtre. C’est un lieu d’échange important. Mais la famille, ce sont aussi mes enfants et, en tant que mère de deux adolescents, je sais aussi la difficulté de vouloir mener de front famille, carrière professionnelle et politique. J’ai malgré cela toujours tenu à travailler à côté de mon mandat de Conseillère administrative à la Ville de Carouge, pour ne pas perdre contact avec le monde réel. Mais tout ça a un coût.

Plus élevé pour une femme, dans un milieu de droite ?

Je ne dirais pas, mais peut-être que mon enfance m’y avait préparée : en tant que petite dernière, avec deux grands frères, et bien, très tôt, on doit se battre pour s’affirmer ! Une amie me rappelait récemment que déjà, dans le préau de l’école, j’étais une battante et que j’aimais jouer au chef. Mais une cheffe rassembleuse. J’aime bien mettre les gens d’accord. Rassembler plutôt que diviser, c’est mon motto. Y compris autour d’un verre, je reste une vraie Carougeoise !

L’attachement, l’enracinement, ce sont des valeurs qui pourraient vous définir – l’attachement à votre famille, politique, à votre Ville de Carouge et à Genève. Est-ce anachronique aujourd’hui ?

Au contraire ! C’est l’essence de l’engagement en politique, selon moi. On ne peut pas défendre un lieu, des gens qu’on ne connait pas et qu’on n’aime pas. La politique, c’est donner de sa personne sans rien attendre en retour. Je fais de la politique parce que j’aime les gens avec qui je vis, l’environnement dans lequel je suis mais que j’aimerais améliorer.

« Aujourd’hui, on pratique une imposition injuste à Genève. »

©David Wagnières

MOBILISONS-NOUS !

Les enjeux liés à l’élection au Conseil d’Etat (1er tour le 2 avril 2023 et 2nd tour le 30 avril 2023) sont considérables pour les propriétaires au regard de la volonté affirmée de la droite de combattre les hausses fiscales, les préemptions, les expropriations et toutes les limitations du droit de la propriété voulues – sans réticences – par la gauche. Dans cette perspective, nous devons nous mobiliser et mobiliser toutes nos connaissances.

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