Dans les prospectus et catalogues de fournisseurs de dalles en pierre naturelle, les teintes des surfaces présentées sont toujours resplendissantes. Mais, avec le temps, la réalité s’avère fort différente. Les agressions extérieures laissent peu à peu s’installer leurs traces qui altèrent ce paysage idyllique sur papier glacé. Les sources de salissures qui apparaissent sont nombreuses. Cela

Se méfier des solutions trop radicales

Quand les taches se multiplient et ont tendance à envahir une maison, des feuilles et pollens ainsi que des fruits qui tombent large surface d’une terrasse, la première idée qui nous vient à l’esprit pour lutter contre ces salissures est d’opter pour les grands moyens. On pense presque automatiquement au net­toyage à l’eau sous haute pression. Le remède semble bien approprié et le résultat s’avère au premier abord excellent.

La méthode montre pourtant ses limites après peu de temps. L’effet du jet d’eau érode en effet la surface des dalles, surtout si celles-ci sont débitées dans un matériau fragile, tel que la pierre dite de Bourgogne. L’action du jet élimine bien les dépôts de saletés, mais avec une telle efficacité que cela crée par la même occasion des microfissures. Les particules en suspension dans l’air vont se déposer sur les dalles et s’y accrocher ou s’incruster dès lors plus facilement. Il faudra alors renouveler l’opération de nettoyage plus fréquemment.

L’autre inconvénient du jet sous pression est qu’il risque d’abimer les joints qui lient les dalles les unes aux autres ; l’eau de pluie peut alors s’infiltrer entre celles-ci. Si la tem­pérature descend trop en dessous de 0° durant l’hiver, cette eau gèle et risque de décoller les dalles du lit de ciment qui les maintient fermement au sol. Dans ce cas, il faut les retirer et refaire un lit de ciment avant de les reposer et de refaire les joints. Une manœuvre risquée, car on peut alors les casser durant cette opération.

Un bon coup de balais ou de brosse se révèle très efficace

La meilleure solution pour venir à bout de toutes ces salissures et retrouver la teinte originale des dalles est de procéder en douceur avec un balai ou une brosse, imbibés d’un produit nettoyant composé d’eau tiède dans laquelle on a jeté des cristaux de soude ou du savon noir. Certains vendeurs de dalles en pierre ou en béton proposent des produits spéci­fiques adaptés aux sols naturels. Une fois que ce produit est appliqué: le laisser agir un certain temps (quelques minutes à une heure selon les produits), puis nettoyer les dalles par brossage énergique de leur surface.

Il existe depuis peu des petites balayeuses mécaniques à brosse rotative avec lesquelles on emploie aussi le même genre de produits nettoyants. Elles sont particulièrement utiles lorsqu’il faut traiter de vastes surfaces dallées et facilitent grandement un exercice que l’on doit autrement effectuer à l’huile de coude. Les escaliers tournants ou dont les marches sont peu profondes sont par contre mal adaptés à un brossage méca­nique. Seul le balai-brosse classique (balai de riz) fait l’affaire. Il faut par contre éviter de choisir une autolaveuse combinée à un jet sous pression qui produit un effet abrasif qui attaque et érode la surface des dalles.

Procéder à quelques essais préalables

Si certaines taches perdurent malgré un nettoyage appuyé à la brosse, on peut essayer de les éliminer en appliquant loca­lement un produit adapté au type de salissure décelé, par exemple de l’huile ou des matières graisseuses. Certains de ces produits étant nocifs pour la santé, il faut se protéger le visage et les yeux avec un masque et des lunettes idoines. Les taches acides (vinaigre, excréments d’animaux domes­tiques ou sauvages, etc.) disparaissent généralement si on les nettoie avec un mélange fait d’eau et de copeaux de savon de Marseille. On peut aussi utiliser du bicarbonate de soude et le laissant agir pendant une heure avant de rincer au jet (surtout pas sous haute pression).

Bien que sa vente ne soit pas formellement interdite en Suisse, l’eau de Javel est déconseillée, car elle est très nocive pour l’environnement et la santé. Elle peut altérer sérieusement la survie et le développement des plantes et du gazon qui se trouvent dans le prolongement d’une terrasse.

Quelle que soit la méthode choisie, il est indispensable de procéder à des essais préalables dans un endroit peu visible de la terrasse. On peut utiliser un morceau de dallage restant du chantier initial pour éviter qu’une attaque trop virulente n’apparaisse, ou avant que l’on décide de se lancer dans un chantier de nettoyage d’envergure qui ne donnera pas un résultat satisfaisant.

Un entretien régulier s’avère indispensable

Si l’on veut éviter que la pierre soit trop fortement contaminée par les salissures, les professionnels recommandent de procé­der à un soigneux entretien deux fois par année. Directement après leur lavage, il est préférable d’enduire les dalles avec un produit d’imperméabilisation surfacique évitant la proliféra­tion de mousses ou d’algues. On trouve dans le commerce des formules dont les caractéristiques sont adaptées aux dif­férentes situations et substrats.

Il existe des produits dits « bouche-pore » (ou imperméabili­sants) destinés à être appliqués après le nettoyage, dont la particularité est de colmater les microfissures que l’on trouve dans les dalles de pierre naturelle. Certains de ces produits sont en outre antidérapants, mais ne déploient tout leur effet que sur des sols exempts de cire ou de graisse. Il faut donc bien choisir celui qui conviendra le mieux aux dalles de sa terrasse.

Quelques précautions particulières doivent être prises en automne, quand les feuilles qui tombent des arbres finissent leurs jours sur la terrasse. Il faut les balayer vigoureusement sans attendre qu’elles commencent à se décomposer sur la pierre, car cela formera des traces noirâtres qu’il sera alors beaucoup plus difficile à éliminer par la suite. Il faudra donc prendre un soin plus accentué au nettoyage dans de telles zones.

Toutes ces précautions ont le mérite de protéger le revête­ment des terrasses en pierre naturelle sur le long terme et de prolonger sa durée de vie en conséquence. Si les microfissures qui se forment dans les dalles s’agrandissent, de minuscules filets d’eau peuvent s’y engouffrer, le liquide va geler en hiver et provoquer le décollement des dalles. Il n’y aura alors plus qu’à casser une bonne partie de la terrasse, pour ensuite la reposer dans son intégralité.