Interview: Diane Barbier-Mueller, nouvelle présidente de la Chambre genevoise immobilière

5 septembre 2025
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Lors de l’Assemblée générale de la CGI du 10 juin dernier, Diane Barbier-Mueller a succédé à Stéphane Penet, arrivé au terme de son mandat et chaleureusement remercié par les membres du Comité pour le travail accompli depuis 2023. Dans ce premier entretien avec Immoscope, la nouvelle présidente revient en 5 questions sur son parcours, ses motivations, et les priorités qu’elle entend porter dans les deux années à venir.

Diane Barbier-Mueller, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Je suis curieuse de nature et ai toujours aimé découvrir des univers différents. Après un master en droit, j’ai beaucoup voyagé, rencontré des gens de tous horizons qui m’ont souvent accueillie chez eux, le cœur de leur vie. À mon retour, il y a 10 ans, j’ai choisi de rejoindre la régie immobilière familiale, par choix et non par devoir. J’y ai occupé différents postes, jusqu’à devenir aujourd’hui administratrice déléguée.

Ces diverses fonctions m’ont permis de créer de belles synergies qui, au fil du temps, me permettent d’avoir une très large vision des enjeux liés à l’immobilier. J’ai pu créer et développer le service «Rénovation durable», qui accompagne les propriétaires dans la mise en place de leurs projets énergétiques. Ce rôle m’amène à collaborer au quotidien avec des propriétaires aux profils et besoins très divers – villas, copropriétés, immeubles de rendement et occasionnellement des biens agricoles – et à devoir imaginer des solutions concrètes à des situations souvent complexes.

« Un propriétaire a aussi des droits, comme tout un chacun. La CGI joue un rôle central dans ce débat, et c’est un honneur aujourd’hui de la représenter. »

C’est ce lien direct entre la problématique des gens et les réalités de l’immobilier qui m’a donné envie de m’engager en politique, au Grand Conseil, où je siège depuis sept ans en tant que députée, notamment à la commission du logement. Ce mandat me permet d’agir là où les règles se décident et de défendre une vision plus réaliste des enjeux du territoire.

Mon engagement à la Chambre genevoise immobilière est venu naturellement, d’abord via le groupement des propriétaires d’appartements (GPA). J’ai ensuite rejoint la commission législative, puis le comité, et aujourd’hui, la présidence. C’est un espace où il est important de mettre en lumière les constats et les problématiques qui jalonnent notre quotidien. Car on oublie souvent qu’être
propriétaire n’est pas qu’une chance et un privilège, il y a aussi des responsabilités, beaucoup de contraintes, parfois quelques injustices. Mais un propriétaire a aussi des droits, comme tout un chacun. La CGI joue un rôle central dans ce débat, et c’est un honneur aujourd’hui de la représenter.

Pourquoi avoir choisi de vous engager au sein du GPA, puis de la CGI ?

À Genève, l’accession à la propriété semble hors d’atteinte, presque taboue. J’en ai pleinement conscience. Lorsque j’ai eu la possibilité de devenir propriétaire vers 30 ans – grâce au soutien de mes parents – j’ai tout de suite mesuré ma chance. Car, sans appui familial, ce rêve reste inaccessible pour beaucoup. Le rêve de devenir propriétaire n’existe presque plus ici, alors qu’en France, par exemple, il reste accessible, même chez des jeunes ou des salariés modestes.

Je me suis engagée pour redonner cet espoir et montrer qu’une autre vision est possible. Aujourd’hui, je me suis organisée professionnellement pour m’impliquer pleinement dans cette nouvelle mission au sein de la CGI.

Diane Barbier-Mueller. ©Magali Girardin

Quelle analyse faites-vous de la situation du logement à Genève ?

Le projet du secteur PAV (Praille Acacias Vernets) est révélateur. On a accepté d’y construire 68% de logements sociaux, mais refusé d’y développer de la PPE. Cela montre qu’à Genève, on se projette plus facilement dans un logement social que dans un bien en propriété. Les coopératives d’utilité publique (donc avec un contrôle des revenus et du nombre d’occupants) font rêver, alors qu’elles restreignent les personnes pouvant y accéder. Cette perception faussée contribue à cristalliser la pénurie du logement pour la classe moyenne.

On observe une polarisation des débats, avec une volonté de bloquer les loyers sans développer l’offre pour autant, empêchant de vraiment sortir de la crise à Genève. Il est temps de sortir de cette logique perdant-perdant.

Quels sont les grands défis à venir pour les propriétaires genevois ?

Deux défis majeurs: la transition énergétique et la fiscalité. Sur le plan énergétique, les attentes envers les propriétaires sont énormes, ce sont des investissements lourds qui ne peuvent pas reposer uniquement sur leurs épaules. La CGI s’est fortement mobilisée pour obtenir un accord ambitieux mais réaliste. Ce travail de fond a permis l’adoption d’un cadre de subventions pour les propriétaires à hauteur de 500 millions de francs, pour accompagner les rénovations énergétiques. C’est une avancée concrète, qui montre qu’un équilibre est possible entre transition écologique et soutien aux propriétaires.

« Il est temps de redonner toute sa place à une parole équilibrée et constructive autour de la propriété. »

Sur la fiscalité, on continue de croire que tous les propriétaires sont riches, alors que ce n’est pas le cas. Pour répondre à cette réalité, la CGI travaille au quotidien avec les députés, pour faire avancer des mesures d’allègement fiscal et de simplification administrative. Ce travail de fond a permis l’adoption de la LEFI, avec, à la clé, une baisse significative de l’impôt sur la fortune: 0.85% au lieu des 1% initiaux. C’est un signal important, qui va dans le sens d’un rééquilibrage plus juste.

Dans les deux cas, notre rôle est d’agir concrètement pour défendre des solutions applicables et durables.

Quelles seront vos priorités à la présidence de la CGI ?

Briser les tabous qui pèsent sur les propriétaires, mettre un terme à leur stigmatisation systématique dans l’opinion publique. Il est temps de sortir de cette vision caricaturale et de redonner toute sa place à une parole équilibrée et constructive autour de la propriété.

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