Les arbres fruitiers au jardin

27 juin 2018
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« Paradis » est un mot persan qui veut dire jardin, espace clos. Et dans nos paradis, comme dans les jardins andalous musulmans ou dans les jardins médiévaux, nous accueillons des fleurs, des herbes aromatiques, des oiseaux, des arbres et des fruits. D’après le Coran et la Bible, dattiers, jujubiers, grenadiers et figuiers nous attendent dans ce jardin…

Le jardin médiéval, tout comme le jardin andalou musulman, est une reproduction de ce paradis rêvé. Il sera suivi du jardin à la française, encouragé par Louis XIV qui affirmait que son pouvoir était une volonté divine. Il entendait que la nature lui obéisse aussi. Les potagers du roi étaient entretenus par Jean-Baptiste de La Quintinie. Ils furent un lieu où l’ordre régnait en maître, où les légumes et les arbres fruitiers poussaient de manière régulière, plantés les uns à côté des autres. Rousseau et les romantiques critiquèrent cette manière artificielle d’appréhender le jardin et il y eut de nombreuses correspondances épistolaires avec l’Angleterre. De celles-ci naquit le jardin à l’anglaise, qui ressemble à une ancienne pub IBM, « solution pour une petite planète ».

L’Empire anglais était l’empire sur lequel le soleil ne se couchait jamais. Ses jardins, quoique d’aspect plus naturel, mélangeaient le copalme d’Amérique « Liquidambar styraciflua », le ginkgo biloba et le cèdre du Liban « Cedrus libani ». Les arbres fruitiers y étaient quelque peu délaissés. Mais, aujourd’hui, nous pouvons les faire revenir dans nos jardins, comme cela avait été fait précédemment, et comme cela s’est toujours fait dans nos campagnes !

D’ailleurs, rien n’est comparable à un fruit cueilli à maturité quand il est juteux et fondant. Une pêche mûre qui tombe dans la main et dont les parfums explosent en bouche, c’est simplement exceptionnel. Une figue fendillée à pleine maturité qui fond dans la bouche nous donne l’impression de n’avoir jamais goûté ce fruit. Planter des arbres ou des arbustes fruitiers dans un jardin est indispensable pour le plaisir du palais, de même qu’avoir des arbres fruitiers dans un jardin est indispensable pour maintenir et/ou améliorer la biodiversité fonctionnelle d’un jardin.

Entre arbres hautes-tiges, demi-tiges, basses-tiges, espaliers et haies fruitières, le choix ne manque pas.

Et pour qu’il soit réussi, il est bien de tenir compte de plusieurs facteurs :

La place dont nous disposons orientera nos choix. Dans une courette, nous pouvons imaginer un arbre haute-tige, qui prendra toute la place, mais qui nous permettra d’installer une table et trois chaises pour boire le café en bénéficiant de son ombre. Dans un grand jardin, nous pouvons envisager deux arbres hautes-tiges distant de huit à dix mètres qui permettront d’y installer un hamac ou une slakline. De même que, dans les tout petits jardins, nous pouvons planter des arbres à palisser contre les murs, en espalier ou avec d’autres formes esthétiques que l’on trouvait jadis dans les châteaux ou dans les anciennes écoles d’horticulture, comme un U double, la palmette Verrier, des palmettes à la diable. Il est aussi possible de les planter le long des chemins, en cordons horizontaux ou en tonnelle.

Dans les grands jardins, nous pouvons imaginer des haies fruitières qui entourent le potager, un verger haute-tige avec une prairie fleurie, ou encore des arbres basses-tiges à très grand développement afin que les enfants puissent y grimper, en évitant toutefois le cerisier, car son bois est cassant.

Il ne faut pas oublier que les floraisons printanières des arbres fruitiers sont d’une rare beauté et que leurs parfums sont envoutants. Bernard Moitessier, qui fut le premier circumnavigateur solitaire, écrivit à la machine à écrire à tous les maires de France pour leur demander de planter des arbres fruitiers le long des routes pour les voyageurs. Ne négligeons pas cette excellente idée, même si le voyageur d’aujourd’hui a plutôt les traits d’un écolier.

Une fois la place définie, nous pouvons réfléchir au porte-greffe. En effet, les arbres fruitiers sont généralement multipliés par greffage. Celui-ci consiste à choisir d’un côté des racines et, donc, la vigueur de la plante, et de, l’autre côté, la variété. A titre d’exemple, nous pouvons avoir des poires William sur un tout petit arbre, avec un porte-greffe faible, ou un arbre majestueux de plus de dix mètres de hauteur, greffé alors sur un porte-greffe puissant.

Il est important pour cela de consulter votre pépiniériste. Vous pourrez aussi trouver votre variété préférée sur de tout petits arbres uni-tiges, qui font à peine un mètre de hauteur. Aujourd’hui, vous n’avez plus aucune raison de vous priver de fruits au jardin. N’oubliez pas de planter également de petits fruits : des raisinets, des cassissiers, des framboisiers, des groseilles à maquereau – qui portent ce nom étrange car elles étaient traditionnellement cuisinées avec le poisson du même nom. Sans oublier qu’avec une bonne crème de cassis, même un petit vin blanc devient une fête à l’apéritif.

ProSpecieRara, une fondation suisse qui travaille au maintien et à la promotion de la biodiversité domestique, a retrouvé d’anciennes variétés de petits fruits helvétiques. N’hésitez pas à en planter, cela vaut vraiment la peine de les remettre au goût du jour, dans nos jardins comme dans nos assiettes. Pour conclure, il n’est pas inutile de rappeler que le jardin est un lieu de vie et de plaisir.

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