Ce côté sauvage et exubérant a besoin d’être canalisé. La plasticité exceptionnelle des plantes grimpantes se doit d’être conduite avec une rigueur exemplaire par le jardinier. Il nous faudra toujours penser au support en premier. Il doit être fort robuste et on préférera le câble au fil de fer, le grillage à béton aux structures souples.

Il faut tout d’abord installer le support, le dessin doit être simple, clair et harmonieux. On peut aisément imaginer des câbles le long d’une façade, des câbles ou des tiges métal­liques entre des poteaux ou encore des poteaux de grande taille, tout simplement.

On conduira les plantes de sorte qu’elles suivent strictement cette structure. L’erreur classique est de vouloir couvrir la tonnelle et de faire des entrelacs inextricables et impossibles à entretenir.
Les plus beaux exemples réussis se trouvent sur ces vieilles fermes genevoises où une glycine grimpe sur un câble unique, soulignant ainsi l’entrée de l’habitation et les fenêtres du premier étage.

Nous avons à notre disposition toutes sortes de plantes grim­pantes fleuries et d’autres comestibles.

Mais voyons d’abord celles qui fleurissent:
Les glycines, nous en trouvons de nombreuses variétés dans le commerce (Wisteria sinensis ou Wisteria floribunda), très vigoureuses, qui fleurissent une première fois de manière abondante au printemps puis une deuxième fois au début de l’été. Elles doivent être taillées pour fleurir deux fois dans l’année. Extrêmement courte, la taille d’hiver, le long de la structure, permet de créer un cordon le long de la structure, du câble ou de la tige métallique sur laquelle il est prévu de faire grimper la glycine. La deuxième taille doit être prévue début juillet, juste après la deuxième floraison, afin de suppri­mer les tiges volubiles qui ne s’accrochent plus à la structure.

Les clématites à grandes et petites fleurs (Clematis vitalba, Clematis montana, Clematis florida), c’est le bois fumant des enfants, mais attention, car la sève est toxique. Les clé­matites sont des plantes grimpantes de petite dimension trois à quatre mètres. Elles doivent être plantées les pieds à l’ombre et la tête au soleil, des tuiles romaines remplissent traditionnellement cet usage, mais de petits arbustes à fleurs font aussi très bien l’affaire. La taille est plus compliquée que pour la glycine; il faut régulièrement supprimer le bois mort, elles repartent souvent du pied. Elles ont besoin d’être atta­chées régulièrement, les floraisons puis les fruits, des petites aigrettes, se couvrent de givre au début de l’hiver; elles sont très légères et spectaculaires.

L’aristoloche est une plante grimpante très spectaculaire (Aristolochia gigantea, Aristolochia durior, Aristolochia debilis). L’Aristolochia gigantea supporte jusqu’à -12°C et sa floraison est surprenante et originale.

Les passiflores ou fleurs de la passion (Passiflora caerulea, Passiflora lutea) servirent aux moines pour expliquer la religion chrétienne: ces derniers voyaient dans la feuille à trois lobes l’exemple de la Trinité, avec le Père, le Fils et le Saint-Esprit sur la même feuille. Ils voyaient aussi, dans les organes floraux, les outils de la passion du Christ. Les pistils font penser à trois clous, les étamines évoquent de petits marteaux, les filaments colorés composent la couronne d’épines, les petites vrilles qui permettent à la plante de s’accrocher représentent des fouets. Les petits exsudas à l’aisselle évoquent quant à eux, à n’en point douter, les larmes du Christ. Le fruit, quant à lui, convient plutôt dans les cocktails, sous le nom de fruit de la passion. Il est cependant difficile à obtenir sous nos latitudes.

Cette plante grimpante spectaculaire doit être plantée à l’abri des vents dominants; si possible exposée au sud, elle donne toujours une touche d’exotisme au jardin.
Passons maintenant aux plaisirs de la bouche, avec les plantes grimpantes qui ont des fruits comestibles comme les vignes, les kiwis ou groseilles de Chine. Pour les vignes (Vitis vinifera), il faut préférer les plantes résistantes aux maladies, généra­lement des pieds américains (Vitis labruscua); les raisins sont excellents en confiture, jus ou raisin de table. Par contre, ils sont très particuliers lorsqu’ils sont vinifiés. Les vignes sont généralement montées en traille et en tonnelles, mais on peut aussi les ériger sur un gros tuteur et les tailler en gobelet, à un ou deux mètres du sol.

N’oublions pas les kiwis et les groseilles de Chine, de la grande famille des actinidias (Actinidia dlicisiosa, Actinidia arguta). On trouve aujourd’hui des plantes mâles et femelles sur le même pied, qui donnent de délicieux petits fruits. Tous les actinidias nécessitent un tuteurage, au minimum un gros câble, avec des fixations extrêmement solides. L’importance du tuteurage est essentielle pour la réussite de la plantation.

Pourquoi ne pas utiliser les plantes grimpantes en haie ?

Il faut un robuste support, une barrière métallique ou un gril­lage de fer à béton peint en noir ou en vert, car la plante ne tient pas debout toute seule. Mais cela permet de créer une haie extrêmement étroite et très dense. Cela peut être réalisé pour de grandes hauteurs si on le souhaite, mais aussi de manière plus mesurée. La discipline du jardinier est essentielle ici, car il faudra passer la cisaille à haie au moins trois fois par année. C’est une pratique courante dans le canton de Vaud, particulièrement à Lausanne. Nous pouvons créer ainsi des haies persistantes avec du lierre, ou des haies caduques avec des couleurs spectaculaires en automne pour la vigne vierge. Pour la vigne, un seul passage de cisaille à haie permet de guider les plantes.

On le voit, nous sous-utilisons nos lianes dans nos jardins ; c’est dommage, car celles-ci peuvent donner une allure très contemporaine et naturelle à nos pièces extérieures. Ne jamais oublier que le support est essentiel! Ces plantes ne sont pas très chères à l’achat, toutefois, il ne faut pas vouloir économi­ser sur la structure qui, elle, doit être robuste.

Texte de Christian Bavarel et Claude Aline Zryd