Le rationnement de la PPE par L’État est désastreux

31 octobre 2018
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A l’occasion de la traditionnelle analyse du marché immobilier genevois par le Crédit Suisse qui a été présentée le 4 septembre 2018, la question de la PPE en zone de développement (ZD) a été traitée. Il s’agissait d’une première.

Dans cette étude, il est notamment fait état du rationnement subi par les Genevois en matière de PPE du fait de la tendance politique. Ainsi, le constat est dressé que la production de logements se concentre largement en zone de développement avec une volonté des pouvoirs publics portée essentiellement vers la demande de locatifs et de plus en plus de logements subventionnés (68%) pour laisser une part congrue à la PPE (36%).

Les conséquences mises en lumière dans l’étude sont à cet égard dévastatrices pour le canton.

En effet, ce sont les personnes disposant d’une formation tertiaire, des dirigeants et des cadres qui quittent Genève pour s’établir en France voisine et dans le canton de Vaud alors que les personnes à faibles revenus et au chômage préfèrent très majoritairement rester. Les émigrés ont été sondés et juste derrière la qualité de vie, ils évoquent l’accession à la propriété comme un facteur essentiel de départ.

Ce constat est corroboré par une récente étude de la Haute Ecole de Gestion genevoise et de l’université de Genève qui estime, en outre, des pertes pour Genève de 530 à 700 millions en raison des dépenses de consommation qui ont dès lors lieu hors canton. Cela ne prend pas en compte la très importante perte fiscale qui résulte de l’émigration des actifs les plus qualifiés.

L’impact écologique de cette politique est aussi considérable. Les déplacements individuels, faute d’offres de transports collectifs suffisantes, explosent et l’ensemble des infrastructures sont saturées. Les territoires voisins sont mités puisque l’on y sacrifie plus volontiers la zone agricole qu’à Genève où l’on construit de manière plus dense et qualitative.

Comme le souligne à juste titre Pascal Pétroz dans son éditorial, nous observons un extraordinaire déficit de PPE. Nous estimons ainsi que des milliers de familles genevoises sont privées de PPE alors même que les taux hypothécaires étant historiquement bas, il leur reviendrait –souvent- moins cher d’être propriétaires que d’être locataires. En plus de la satisfaction de leur aspiration légitime, cela contribuerait à la constitution d’une prévoyance sûre.

L’acceptation de cette réalité contribuerait à la création de milliers de logements, sans l’apport de deniers publics, et en en libérant tout autant sur le marché locatif. L’équilibre socio-culturel de notre canton semble désormais dépendre d’un rééquilibrage nécessaire pour favoriser la réalisation de PPE. Nous nous mobiliserons pour que le Conseil d’Etat et le Grand Conseil mesurent pleinement les conséquences des faits ci-dessus décrits.

Etude du Crédit Suisse

L’Étude peut être téléchargée sur le site web du Crédit Suisse ou directement sur le site de la Chambre genevoise immobilière : Dossier complet.

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Pascal Pétroz
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